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Il faut croire au soleil

Il se lève toujours

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  • Photo du rédacteurCéline

Entretien avec Isabelle KICHENIN

Une rencontre précieuse avec Isabelle Kichenin, auteure du roman GOURMANDE , conceptrice du programme d'écriture bienveillante P.L.U.M.E.S. , sage-femme de l'être.



Il est des personnes que nous côtoyons, « bonjour au revoir » et que nous apprenons à connaître vraiment quand le moment est le bon pour elle comme pour nous. On découvre alors une personnalité sublime aux multiples ressources et on se dit que la magie d’une « re » rencontre est parfois plus émouvante que si c’était une première rencontre.

Isabelle Kichenin m’a permis de vivre ce moment suspendu qui a passé bien trop vite…


Chronologiquement, on pourrait prêter à Isabelle la palme de l’adaptabilité : Elle a 20 ans quand son père décède et doit, en plus d’apprendre à vivre sans lui, apprendre à gérer l’entreprise familiale, une librairie du centre-ville de Saint-Denis.

Quelques années plus tard, elle décide de reprendre les études qu’elle avait dû mettre entre parenthèses pour réaliser son rêve professionnel. Isabelle se rêve journaliste. Elle concrétise ce rêve qui lui permet de mettre en avant les autres, de parler d’eux, de leur donner une tribune. Elle défend ses valeurs dans ses articles et pendant des années, elle va mener sa carrière avec brio dans de grands groupe de presse locaux.


Forte de ses expériences de rédactrice en chef de divers magazines à la Réunion, elle saisit l’opportunité de prendre la tête d’une quinzaine de magazines en Nouvelle-Calédonie. L’aventure dure quelques années et Isabelle, devenue maman, a besoin de retrouver l’ile de son enfance.


Le retour n’est pourtant pas si rose : d’abord des désillusions professionnelles puis la sensation de ne plus retrouver de Sens dans son métier qui ne lui permet plus de défendre les valeurs qui lui sont chères. Isabelle passe par la case bore-out avant de faire un burn-out. Isabelle qui avait jusqu’alors côtoyé la précarité par le biais de son métier de journaliste va elle-même connaître une période très difficile. Elle vit dans la peur des lendemains sans savoir comment elle va pouvoir nourrir son fils et cette peur la paralyse. Elle revend une partie de ce qu’elle possède et finit par accepter l’idée de demander de l’aide et des minimas sociaux.


Puis petit à petit, elle va lâcher cette peur qui lui tord le ventre et va se souvenir de ce qu’elle aimait par-dessus tout faire quand elle était enfant : s’asseoir à son petit bureau placé devant la fenêtre de sa chambre qui lui offrait une vue sur de magnifiques fleurs et écrire des histoires. Elle commence donc à écrire, pour elle uniquement.


Puis Isabelle gagne un concours sur la plateforme « mondoblog » avec son blog « Marcelle, la Réunion qui montre ses bras » et a l’opportunité de partir 10 jours en Côte d’Ivoire pour se former avec une dizaine d’autres bloggeurs de différents continents. Et c’est là, lors de la lecture de son texte « café des arts », le premier texte qu’elle ose lire en public, qu’elle se rend véritablement compte que ses mots peuvent soulever de fortes émotions. Elle rentre à la Réunion avec l’envie de partager ce qu’elle écrit et se met à publier des fictions très courtes.


Un texte tient plus particulièrement en haleine les lecteurs de plus en plus nombreux du blog qui lui demandent la suite avec ferveur. Alors tous les soirs, Isabelle va faire vivre Mathilde, l’héroïne de ces textes. Sans le savoir, Isabelle écrit les premières pages de ce qui sera quelques mois plus tard son premier roman, « Gourmande ». Succès quasi immédiat, « Gourmande » touche en plein cœur les lecteurs qui se déplacent en séance de dédicace pour partager avec Isabelle un moment de vie. Et c’est lors de ces moments de partage et d’émotions qu’Isabelle se sent à sa place.


En parallèle, Isabelle porte un projet qui lui tient à cœur et qui a pour résonance le sujet de son roman, à savoir la lutte contre les violences. Elle propose des ateliers d’écritures bienveillantes via le programme P.L.U.M.E.S (Paroles Libres- Utiles Mots- Émotions Sereines)

en milieu carcéral et associatif auprès de victimes, associant atelier d’écriture et méditation de pleine conscience pour développer l’ouverture à l’autre. Elle intervient également en établissements scolaires secondaires. Et chaque fois, les témoignages de ces hommes, de ces femmes, de ces lycéens sont magiques et font grandir en elle la légitimité d’être le changement qu’elle veut voir dans le monde. Alors finalement, à l’instar du journalisme, elle va continuer à donner la « parole » ou plutôt la plume aux autres qui seront cette fois les acteurs de leur état d’âme.


Qui es- tu en 3 mots?

Vivante, aimante…gourmande !

Que fais-tu en 3 phrases ?

J’écris et je fais écrire.

Je transmets et j’accueille des émotions.

Je materne et j’accompagne un petit être à grandir…


Tu n’en serais pas là aujourd’hui si… ?

Je n’avais pas lu le Petit Prince à l’âge de 7 ans.


Quel rôle a joué ce burn-out dans ta vie ?

Il a été primordial car il m’a invitée à me regarder en face, à respecter mes émotions et à accepter les événements de la vie sans chercher à les maîtriser.

Il m’a surtout permis de m’accepter en tant que personne hyper-sensible. Ce qu’avant je considérais comme mes faiblesses je les accepte comme mes forces.

Je sais maintenant ce je j’aime, ce que je veux et ce que je n’aime pas ou ne veux pas.


Qu’est ce qui te booste le matin ?

La première respiration et quand je vois le ciel et la mer quand j’ouvre mon rideau.

Je médite tous les matins après avoir déposé mon fils à l’école, répondu à mes mails et bu quelques cafés, en fin de matinée plutôt.


Si tu étais un livre… L’écume des jours de Boris Vian

Si tu étais une fleur… Un arum

Si tu étais une chanson… « Une petite cantate » de Barbara

Si tu étais une cause… La justice

Si tu étais une couleur… Le jaune

Si tu étais un jeu d’enfance… Le cadoc sans hésiter

Si tu étais un animal… Un paille en queue, il est totémique pour moi

Si tu étais un jour de la semaine… je les aime tous, impossible de choisir !


Quel message positif souhaites-tu passer à la jeune génération ?

Rêvez grand ! N’écoutez pas les oiseaux de mauvais augures. Tout est possible !


Quelles valeurs essayes- tu de véhiculer à ton fils ?

J’aimerais que Camille devienne un adulte convaincu qu’il est le bienvenu, qu’il a sa place et un rôle un tenir comme tous les autres autour de lui et avec tous les autres autour de lui.


Roman : « Gourmande » aux éditions Orphée


Emeline

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